
Bantu Gazette
Shaping Africa’s Narrative
Abidjan, Côte d’Ivoire– Chefs d’État, investisseurs et dirigeants d’entreprise se sont réunis les 12 et 13 mai à Abidjan pour impulser une nouvelle dynamique à la transformation économique du continent. Trois axes majeurs ont dominé les échanges : l’industrialisation locale, la logistique régionale et l’intégration numérique. Tous ont appelé à rompre avec les déclarations d’intention restées sans suite, en s’engageant résolument dans l’action.
Parmi les priorités soulignées : produire localement, investir dans les infrastructures, fluidifier la circulation des biens et exploiter pleinement le potentiel numérique. Ce consensus marque une inflexion vers une approche plus concrète et opérationnelle des ambitions africaines.
« Aujourd’hui, on veut prendre notre destin en main à travers l’industrialisation », a déclaré Nasseneba Touré, ministre ivoirienne de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, plaidant pour la valorisation des capacités locales face aux bouleversements géopolitiques actuels.
La transformation des ressources agricoles, minières et énergétiques en produits à forte valeur ajoutée s’impose désormais comme une priorité stratégique. La Côte d’Ivoire, souvent citée en exemple, revendique son leadership. « Nous sommes numéro un devant de grands pays en termes de développement économique », a affirmé la ministre.
Le rôle structurant de la logistique a également été mis en avant. « La logistique est la colonne vertébrale de la transformation économique du continent », a souligné Asta-Rosa Cissé, directrice régionale d’Africa Global Logistics (AGL) pour la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Pourtant, avec seulement 17 % des échanges commerciaux réalisés entre pays africains, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale (ZLECAf) reste inachevée.
Si le secteur public a son rôle à jouer, Cissé insiste sur la responsabilité des acteurs privés, qui doivent s’organiser pour faciliter le transport des produits transformés ou semi-transformés à l’échelle régionale.
Sur le volet numérique, les discussions ont révélé un potentiel largement sous-exploité. « Le numérique est l’outil principal de la quatrième révolution pour les Africains », a estimé Stanislas Zézé, PDG de Bloomfield Investment Corporation, une agence d’évaluation financière basée à Abidjan. Il voit dans la jeunesse africaine le moteur de cette révolution, à condition que les politiques publiques leur donnent les moyens d’agir.
Mais la connectivité reste inégalement répartie sur le continent, freinant l’adoption des technologies essentielles au développement. « Il ne faut pas seulement parler, il faut aussi agir », a conclu Zézé.
Cette rencontre s’est tenue dans le cadre du Africa CEO Forum, un rendez-vous annuel qui rassemble les décideurs publics et privés autour des grandes priorités économiques du continent.