Abidjan, 21 juin 2025 – Lors du congrès ordinaire tenu samedi 21 juin au stade olympique d’Ebimpé, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a officiellement désigné le chef de l’État comme son candidat pour l’élection prévue le 25 octobre.
La proposition, formulée par le directoire du parti, a été adoptée à l’unanimité des congressistes.
« Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion en mon âme et conscience, une décision », a déclaré Alassane Ouattara dimanche, en réponse aux appels de ses partisans. Il a ajouté : « Je ressens la force et la sincérité de votre appel… je les ai bien entendus. »
Un quatrième mandat en perspective
Âgé de 83 ans, Alassane Ouattara est à la tête de l’État ivoirien depuis 2011. Il avait été réélu en 2020 pour un troisième mandat controversé, après une réforme constitutionnelle ayant réinitialisé le compteur de mandats présidentiels. Sa possible candidature en 2025 soulève déjà des réactions, tant sur le plan juridique que politique.
Selon le RHDP, la stabilité du pays et la poursuite des « acquis économiques » justifieraient une nouvelle candidature. Le parti met en avant la croissance soutenue de ces dernières années, des projets d’infrastructure majeurs, et une réduction de la pauvreté dans plusieurs régions.
Une opposition fragmentée et sous pression
La scène politique ivoirienne reste marquée par l’exclusion de plusieurs figures de l’opposition du processus électoral. L’ancien président Laurent Gbagbo (PPA-CI), le banquier Tidjane Thiam (PDCI-RDA), l’ancien chef rebelle Guillaume Soro, et Charles Blé Goudé ont tous été radiés des listes électorales ou déclarés inéligibles par la Commission électorale indépendante ou les juridictions compétentes.
En réponse, le PPA-CI et le PDCI ont récemment annoncé la formation d’un front commun visant à « rétablir l’égalité politique » et à contester la légitimité du processus en cours. Les deux partis exigent la réintégration de leurs leaders et dénoncent une élection « verrouillée d’avance ».
Un climat électoral sous tension
L’échéance électorale s’inscrit dans un contexte marqué par des tensions récurrentes entre majorité et opposition, mais aussi par des appels à un dialogue inclusif.
Le gouvernement assure que le processus électoral sera transparent, tandis que plusieurs missions d’observation sont attendues dans les mois à venir.
Le président Ouattara, s’il confirme sa candidature, pourrait se retrouver face à une opposition affaiblie sur le plan institutionnel, mais déterminée à mobiliser ses bases.
En 2020, l’élection présidentielle avait été marquée par un boycott de l’opposition et des violences ayant fait plusieurs dizaines de morts.
Prochaine étape : confirmation officielle
La Constitution ivoirienne autorise les candidatures jusqu’à deux mois avant le scrutin. Le dépôt officiel des dossiers est attendu entre juillet et août.
D’ici là, la déclaration formelle d’Alassane Ouattara est attendue avec attention, tout comme la réaction des partis d’opposition et de la société civile.
Un contexte économique porteur
La désignation d’Alassane Ouattara intervient dans un contexte économique favorable pour la Côte d’Ivoire, qui enregistre une croissance soutenue depuis plus d’une décennie.
Selon la Banque mondiale, la croissance du PIB réel s’est établie à 6,2 % en 2023, puis à environ 6,5 % en 2024, confirmant le dynamisme de l’économie ivoirienne. Depuis 2012, le pays affiche un taux de croissance moyen de près de 7 % par an, ce qui a permis de doubler la taille de son économie en une décennie.
La Côte d’Ivoire figure aujourd’hui parmi les trois premières économies de l’UEMOA et l’une des plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest. Cette trajectoire économique constitue un enjeu majeur dans la campagne présidentielle à venir.